J'apprends
qu'un prêtre octogénaire est mort ce matin, égorgé sur l'autel
d'une église de campagne.
J'écoute,
j'observe... non, personne n'en parle... je n'entends personne parler
des causes premières. Tout le monde semble vouloir les voiler.
Pourtant, elles ne sont pas musulmanes.
Toujours
le même spectacle : des mines de journalistes affectées sur
commande, un Manuel Vals qui entonne le « On est en guerre »
pour semer, qui sait, quelque lyrisme guerrier périmé, un
archevêque de Rouen qui se contente de pousser un « cri vers
Dieu », un journaliste de la Croix qui sent sa colère
pousser, lui aussi. Toute la comédie qui constate et rappelle sans
cesse le tragique.
Les
mots « horreur », « barbarie »,
« innommable », surprononcés depuis deux ans, sont usés.
La solidarité des peines n'est qu'une solidarité de circonstance
forcée ; elle masque le sauve-qui-peut généralisé et les
innombrables indifférences d'un marché du travail bloqué. Misère
morale, économique, sociale, culturelle chez les enfants du
capitalisme. Société qui ne sait pas accueillir ses enfants
diplômés, encore moins les fils d'immigrés sans diplôme,
autrement que par des stages sous-payés. Il n'y a plus que le
spectacle de la mort qui fasse oublier que les canots de sauvetage de
l'économie ne peuvent pas accueillir tout le monde. Que vaut la
solidarité des peines face à la prégnance des haines économiques ?
Quand il n'est plus possible de sublimer par le travail, le
terrorisme libère la pulsion de mort.
Sitôt
évoqués les attentas de Nice, avant ceux de
Saint-Etienne-du-Rouvray, une grand-mère excédée tapait dans le
mille :
«
Ceux qui sont au Gouvernement, ils n'ont qu'à donner du travail à
nos jeunes ! Ils n'iraient pas tuer des gens comme ça ! ».
Mais
personne pour le dire, ce soir, sur BFM TV et France 2. Ce soir, les
grands mots sont tièdes : unité, fraternité, diversité...
Certes, le Gouvernement ne peut pas tout faire... Ces belles notions ont
surtout besoin d'une nouvelle utopie collective et d'un moteur
individuel valorisant.
Donc :
le travail et l'emploi plutôt que la pulsion de mort héroïsée par le terrorisme.
RM